Le crime du golf, paru pour la première fois en 1923, est un roman policier qui ne passe pas inaperçu auprès des amateurs de suspense et d’intrigue. C’est un livre qui oppose la psychologie aux méthodes scientifiques, un duel où chaque détail compte.
Agatha Christie (1890–1976), surnommée la « Reine du Crime », reste l’auteure la plus lue de l’histoire avec plus de 2 milliards d’exemplaires vendus. Née en Angleterre, elle crée pendant la Première Guerre mondiale son célèbre détective belge Hercule Poirot, apparu dans La Mystérieuse Affaire de Styles (1920), et la perspicace Miss Marple.

Spécialiste des poisons grâce à son expérience en pharmacie, elle a signé 66 romans policiers aux intrigues ingénieuses, dont Dix Petits Nègres, Le Crime de l’Orient-Express et Mort sur le Nil. Décédée en 1976, son œuvre, traduite en plus de 100 langues, inspire toujours des adaptations mondiales. Le crime du golf reste la deuxième aventure d’Hercule Poirot après celle de La Mystérieuse affaire de Styles.
Dans Le Crime du golf, Agatha Christie oppose deux visions de l’enquête à travers ses personnages-clés : Hercule Poirot, défenseur de la psychologie et des « petites cellules grises », affronte l’inspecteur Giraud de la Sûreté, adepte des méthodes scientifiques modernes (empreintes, indices matériels).
Le meurtre de Paul Renauld – un bourgeois au passé trouble (faussaire et criminel sous le nom de Georges Conneau) – révèle le thème central du passé qui ressurgit. La coupable, Marthe Daubreuil, incarne la duplicité des apparences : jeune fille moderne manipulatrice, elle orchestre le meurtre par vengeance et cupidité, exploitant les failles des élites (symbolisées par le golf).
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Le personnage d’Hastings, narrateur naïf épris de « Cendrillon » (Dulcie Duveen, pseudonyme de Marthe), souligne les illusions romantiques. Christie y explore aussi les limites de la justice et l’effondrement des masques sociaux.
À sa parution en 1923, Le Crime du golf fut salué pour son audace structurelle : le duel méthodologique entre Poirot (psychologie) et Giraud (science policière moderne) offrait une réflexion inédite sur l’enquête.
Certains critiques y virent une satire brillante des tensions entre tradition et modernité. L’intrigue aux doubles identités (Paul Renauld/Georges Conneau) et au dénouement imprévisible (où Marthe Daubreuil est révélée coupable) fut jugée mécanique mais virtuose, bien que certains aient trouvé les rebondissements trop alambiqués.
La presse souligna l’humour apporté par Hastings, adoucissant le réalisme sombre du crime. Aujourd’hui, le roman est considéré comme un tournant fondateur : il ancra Poirot dans la culture populaire, anticipa l’essor du cold case (crime lié au passé) et influença des générations d’auteurs, malgré des réserves sur l’excès de machinations (The Times, 1923).
Son héritage réside dans cette équation parfaite entre psychologie et puzzle. The Observer, 1924, écrivait à l’époque : « Christie piège son lecteur avec une virtuosité diabolique, même si les fils de la trame semblent parfois tirés de trop loin. »
Le Crime du golf s’affirme comme un roman charnière dans l’œuvre d’Agatha Christie, où l’affrontement entre Poirot (méthode psychologique) et Giraud (approche scientifique) incarne une réflexion pionnière sur l’enquête policière.
À travers les identités fracturées (Paul Renauld/Georges Conneau) et la vengeance transgénérationnelle de Marthe Daubreuil, Christie déploie son art du puzzle psychologique, utilisant le golf comme symbole de l’effondrement des masques bourgeois.
Près d’un siècle plus tard, l’œuvre questionne toujours l’éthique de la justice : jusqu’où légitimer la vengeance face à l’impunité ? Le plaidoyer de Poirot pour l’intuition humaine résonne à l’ère du big data policier.
Les adaptations récentes (Kenneth Branagh, 2023) rappellent son actualité brûlante : dans une société obsédée par les secrets, son avertissement reste saisissant – « Le passé ne meurt jamais. Il n’est même jamais passé. »
Charly Bankolé, coll. Ext L’ivre Du Livre