Depuis des décennies, le vodun, ce patrimoine culturel et spirituel profondément enraciné en Afrique, fait face à une marginalisation croissante. Considéré autrefois comme une richesse identitaire, il est aujourd’hui perçu par une partie de la jeune génération comme une pratique archaïque et nuisible à éviter à tout prix. Cette déconsidération, nourrie par des préjugés et stéréotypes, pose une question cruciale : comment préserver et réhabiliter cette pratique qui fait partie intégrante de notre essence culturelle ?
C’est dans cette optique que Gbétchédi Eskil AGBO, auteur béninois, a choisi de donner la parole au vodun à travers sa pièce de théâtre L’Alphabet du Vodun, parue en 2024 aux éditions Béninlivres. Dans cette œuvre magistrale, il démystifie les idées reçues et propose un dialogue entre tradition et modernité, en défendant l’idée selon laquelle le vodun n’est pas un obstacle au progrès, mais plutôt un pilier identitaire.
UN PLAIDOYER CAPTIVANT POUR LA RECONNAISSANCE DU VODUN
L’Alphabet du Vodun met en scène un affrontement juridique et spirituel entre deux figures opposées : Sossa Adan, prêtre de Fâ, et Fadonougbo Dansi, pasteur convaincu. L’intrigue débute par une plainte déposée par le pasteur David Michel contre Sossa Adan, qu’il accuse d’être responsable de la mort de deux fidèles par l’intermédiaire d’abeilles enragées.
À travers des débats poignants et des explications empreintes de sagesse, Sossa Adan tente de déconstruire les idées préconçues du pasteur. L’œuvre prend un tournant saisissant lorsqu’un phénomène de transe bouleverse la cour de justice et amène David Michel à reconsidérer sa position. La pièce culmine avec cette déclaration mémorable :
« Nous ne serons jamais les autres, nous serons toujours nous-mêmes. »
p. 70. Cette phrase résonne comme un appel à l’acceptation de soi et à la reconnaissance de nos racines culturelles.
UNE IMMERSION DANS LES BIENFAITS DU VODUN
Au-delà de son plaidoyer spirituel, L’Alphabet du Vodun offre également un voyage fascinant dans l’univers des plantes médicinales. Gbétchédi Eskil AGBO rappelle que les vertus des plantes utilisées par les prêtres de Fâ ne se limitent pas à des pratiques rituelles, mais s’étendent à une médecine traditionnelle qui profite à tous, quelle que soit leur croyance. En combinant traditions africaines et connaissances scientifiques, l’auteur démontre que le vodun peut jouer un rôle crucial dans la valorisation de notre patrimoine naturel.
UNE ŒUVRE FLUIDE ET ACCESSIBLE
L’écriture de Gbétchédi Eskil AGBO est à la fois fluide et captivante. Il parvient à vulgariser des concepts complexes, rendant ainsi l’œuvre accessible à un large public. Que l’on soit novice ou initié, L’Alphabet du Vodun est une lecture enrichissante qui invite à une réflexion profonde sur nos préjugés et sur l’importance de préserver notre héritage culturel.
RECOMMANDATION
L’Alphabet du Vodun est une œuvre incontournable pour toute personne curieuse de découvrir les vérités cachées derrière les pratiques vodun. En mêlant fiction, spiritualité et savoirs ancestraux, Gbétchédi Eskil AGBO nous offre une opportunité unique de renouer avec nos racines. Cette pièce de théâtre est non seulement un plaidoyer pour l’acceptation, mais également une célébration de l’identité africaine dans toute sa richesse.
Que vous soyez passionné de littérature, adepte de spiritualité ou simplement curieux de découvrir une autre facette de l’Afrique, L’Alphabet du Vodun est une lecture que je vous recommande vivement. Vous en ressortirez transformé, avec une perspective renouvelée sur le vodun et sa place dans le monde moderne.
✍️Murielle CHIDIKOFAN
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