« Celui qui n’a pas conscience de sa misère, croit à l’illusion du bonheur. » disait Amadou Koné. La misère est un état de très grande pauvreté. Elle traduit une situation de détresse, un grand dénuement, malheur, souffrance, ennui, tristesse mais aussi petitesse. Elle est souvent utilisée pour décrire un état extrême de pauvreté mais aussi une connotation péjorative, liée à un sentiment d’exclusion sociale.
La misère est présente dans la Sainte Bible, comme dans l’histoire de Job, mais celle qui nous intéresse ici, est celle multidimensionnelle. De plus en plus dans nos sociétés, la misère est transversale, elle est de plus en plus frappante de jour en jour.
A travers la lettre de l’apôtre Saint Paul aux Romains nous montrerons les grandes dimensions spirituelles de la misère. Celles-ci ne cessent de prendre de l’ampleur dans nos sociétés.
Comment repenser la misère dans une dimension spirituelle ?
Saint Paul nous explique à travers sa lettre aux Romains que l’homme n’était capable de rien sans Dieu. Autrement dit, il nous apprend dès les premières lignes de sa lettre que l’homme vivait dans une profonde misère avant Dieu. Le Christ est venu arracher l’homme de la misère, Saint Paul illustre cette misère à travers le qualificatif « impie».
Ramener le salut de l’homme à Dieu, est une manière pour Saint Paul de rappeler à l’homme que son bonheur dépend d’un être suprême et que cet être suprême n’est personne d’autre que Dieu. La mort d’un homme innocent, un homme de bien, le Christ, est la preuve dit Saint Paul, la preuve de l’amour de Dieu pour l’homme.
Comment un homme de bien, un innocent peut-il accepter de mourir pour des fautes qu’il n’a pas commises ?
Analysons cette conception de Saint Paul d’un point de vue plus scientifique : Comment un homme de bien, un innocent peut-il accepter de mourir pour des fautes qu’il n’a pas commises ? Saint Paul nous dit que la misère extrême dans laquelle vit l’homme pousse Dieu à tenter de faire quelque chose pour lui.
Car dit-il, « Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs.» La misère de l’homme devient peu à peu une maladie, un mal dont l’une des dimensions est relative à la relation, au lien qui le lie à Dieu.
Quand l’homme est dans une situation de misère, cela signifie que le lien qui le lie à la transcendance est menacé. Autrement dit, l’homme est en carence de Dieu. Toutefois, il est possible de dire que l’homme a de la misère à témoigner d’un peu d’humanité à ses semblables.
Et cela, bien qu’il soit miséreux quand il manque de la présence de Dieu. Voyons là les conséquences de cette misère spirituelle qui se rapporte à une pluralité de dimensions.
Les hommes nient-ils de plus en plus la place qui revient à Dieu dans leur vie ?
De plus en plus, les hommes se passent ou du moins nient la place qui revient à Dieu dans leur vie. Cet état de chose éloigne l’homme du bonheur, de la joie et de l’abondance spirituelle. Puisqu’il est important de comprendre que le bonheur ou la joie n’est pas que matérielle.
La misère spirituelle est ce vide, ce néant que l’homme sent en lui à un moment donné de sa vie. Ce vide crée en l’homme un besoin de se reconnecter à l’énergie naturelle, de chercher à revenir au père. Exactement comme c’est le cas dans l’allégorie de l’enfant prodige.
Cette misère s’exprime aussi à travers l’ignorance, pas seulement l’ignorance tout court mais la double. C’est-à-dire l’ignorance de l’ignorance. Le dogmatisme, le refus de connaître sont les facteurs déterminants de la misère spirituelle. Honoré de Balzac ayant très tôt compris ce que constitue la misère spirituelle pour l’homme affirmait: «J’avais entrepris une lutte insensée ! Je combattais la misère avec ma plume.»
Quel effet la misère spirituelle a-t-elle sur l’homme ?
La misère spirituelle, en dépit d’éloigner l’homme de son créateur, consume en lui tout principe moral. L’homme spirituellement miséreux, n’a de crainte pour rien puisqu’il ne possède pas la capacité de pouvoir élever son esprit. Or, les valeurs ou lois morales ont une source transcendante bien qu’elles proviennent des hommes.
Les lois ou valeurs morales peuvent donc être considérées comme un ‘‘ joug ’’ qui pèse sur les hommes. Ainsi, la misère spirituelle en serait perçue comme libératrice. Vue sous cet angle, le propos de Tristan Bernard pourrait se justifier lorsqu’il dit : « La misère à cela de bon qu’elle supprime la crainte des valeurs. »
Le Christ, comme le dit Saint Paul, étant celui par qui les hommes se sont réconciliés à Dieu. Il permet donc aux hommes à travers son sacrifice de revenir à Dieu : un retour qui les sépare de la misère. Ainsi, les hommes placent leur fierté en Dieu à travers le médiateur qui constitue le Christ.
Dans sa lettre aux Romains, l’Apôtre Paul fait remarquer que Christ est la voie pour accéder à l’être suprême. Il est pour lui, le facteur déterminant favorisant la réconciliation d’avec le père et la rupture avec la misère. « Si nous avons été réconciliés par la mort du Fils, à plus forte raison serons-nous sauvés en recevant sa vie. » Rm 5, 6-11.
Régis Mahougnon HANTAN est poète, écrivain, slameur, musicien et chroniqueur à L’ivre Du Livre. Il est en deuxième année d’étude de la philosophie à l’UAC (Université d’Abomey-Calavi).
Belle analyse
Merci mon frère
❤️❤️
Ma grande oratrice ❤️
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