une lecture critique du Germain Duchateau
Paru en novembre 2024 Pluie d’été à Carbon-Blanc est la douzième parution de l’écrivain Ayi HILLAH. Un recueil de lettres poétiques dans lesquelles, pris dans les tourbillons d’un amour brûlant, l’écrivain se raconte à l’être aimé. Il en fait une description attentive de sa personne en enveloppant son visage ainsi que son corps dans un déchiffrement passionnel. Germain Duchateau de son regard d’enseignant offre ici une lecture critique de l’ouvrage.
« Je ne connais pas d’homme plus heureux que ceux qui, en naissant, ont trouvé art à leur gré. Je pense être un des leurs. Car, imbibé de toutes les passions, aucun fil de ma vie n’est resté sec. Je dois cela à mon goût pour les lettres… » Cette affirmation signée Ayi HILLAH dit long, à la fois sur l’homme et sur l’écrivain qu’il est difficile de décrire.
Quiconque l’ayant lu me donnera raison. Son œuvre multiple comprend, des récits, des recueils de poèmes et d’aphorismes, des romans, des nouvelles et enfin comme dans le présent livre, une correspondance. Pluie d’été à Carbon-Blanc, puisque c’est de ce livre qu’il s’agit est un livre bouleversant. Un condensé d’amour que très peu d’auteurs peuvent se vanter de livrer en une bibliographie entière. Hautement poétiques, les lettres qui se lisent facilement sont d’un lyrisme poignant et d’une chaleur très prenante. On frissonne, on se perd, on rêve, on devine des choses, on les vit quelquefois.
Tout est écrit à l’encre de l’amour, du contentement, et de la séduction permanente. L’être aimé est valorisé comme jamais. L’auteur fait d’elle une description attentive où le déchiffrement passionnel dont il enveloppe son visage et son corps, cet élan qui s’inscrit dans une orchestration harmonieuse fait d’elle une muse aux qualités multiples. On se croirait à une autre époque, celle du romantisme par exemple où les auteurs, peu importe le genre, ont le bon goût de maîtriser la poésie. Poésie ! Oui, Ayi HILLAH est poète avant tout, et cela explique la chose. Car, celui qui a goûté au plaisir généreux de la poésie ne peut y renoncer si facilement. Pas étonnant donc qu’il soit parfois sujet à quelques excès mélancoliques, avec pudeur bien entendu.
Si le destin semble vouloir le contraindre à aimer, Ayi HILLAH ne se dérobe pas. Il quitte volontiers la vie pour pouvoir aimer. Et quand il aime, la preuve est là, il aime pour de vrai, pour de bon, pour de vrai, intensément, sans limite. « Un air étonnement doux. Tout simplement la plus belle femme du monde. De loin la plus humble pour l’usage que tu fais de ta beauté. Pour moi, tu es et resteras la seule chanson du monde qui ne finira jamais. Jamais ! » Il est clair que s’il y a une chose que Ayi HILLAH ne cessera jamais de faire, c’est de composer sa lyre pour le bonheur de sa dulcinée, et aussi pour sa propre satisfaction.
Une chose à préciser, même si l’être aimé n’est pas nommé, il y a des indices qui ne trompent pas. La distance qui les sépare semble grande. La description morale peint un être calme, observateur, doux et réservé. « Il est difficile d’être aussi belle, aussi simple, aussi candide. « Tu montres une candeur absolue, une infinie grâce des gestes. Il y a chez toi un religieux silence joint à une intelligence à l’état de nature. Un côté ange, une allure grave et souriante. Une mystique sans Dieu. Il y a chez toi quelque chose d’ancien qui garde sa fraîcheur ». Quelque chose d’assommant qui te donne étrangement un air innocent… »
Dulcinée, amie, confidente, l’auteur de L’ombre des beaux jours a trouvé la femme idéale, celle qui l’aime, qui l’écoute, qui le conseille, qui le soulage des peines diverses, la longue maladie de son père suivie de sa mort par exemple. Et c’est à raison qu’il choisit de faire d’elle son port d’attache pour toujours, pour l’éternité. « Tu ne me croiras pas, je le sais, mais je te le dis quand-même. Si j’en juge par tout ce que j’ai connu avant toi, tu es pour moi un instrument privilégié sur lequel l’inclination a fini par faire entendre son chant, une harpe sur laquelle mon cœur trouve sa résonance. Pour moi, la seule chose qui mérite d’exister, c’est l’amour ; ce mystère vécu et assumé, cette soif d’émotions dont mon cœur est le symbole, cette porte ouverte sur les demeures du secret. Autant dire que c’est toi. Je t’aime ».
En définitive, j’aurais aimé critiquer ce livre. J’aurais aimé émettre des réserves, mais j’avoue avec sincérité que je n’ai rien de rédhibitoire à révéler. Comme le dit l’auteur à sa bien-aimée : « Pour ne pas t’aimer, il aurait fallu ne pas te connaître », pour ne pas aimer ce livre, il aurait fallu ne pas le lire tout simplement.
Germain Duchateau, professeur de lettres
❤️❤️❤️