Après Bris de silence, livre autobiographique publié en 2021, Angela Kpeidja sort à nouveau du silence avec deux nouveaux livres : “A l’encre de nos silences” et “Philognon, une voix qui s’élève”. Lancés officilement jeudi 28 novembre 2024 à l’institut français de Cotonou, ces deux ouvrages traitent respectivement du viol et du harcélement sexuel.
A l’encre de nos silences l’écrit témoignage sur le viol
A l’encre de nos silences écrit dans le cadre du mouvement N’aie pas peur est un livre de témoignage sur le viol. Il traite fondamentalement du “processus de riposte mise en place pour soutenir les victimes et survivantes d’agressions sexuelles dont le viol” confie l’autrice à la SRTB. Après un premier ouvrage ayant essentiellement traité du harcèlement sexuel, il était tant pour la porte-voix du mouvement de se concentrer sur la prise en charge des victimes du viol. Ces dernières peu écoutées et se retrouvant dans des procédures lentes et traumatisantes, méritent une attention singulière pour leur équilibre social et donc leur renaissance et leur réconciliation avec la communauté, la société.
Empathie, écoute bienveillante et garantie de confidentialité ont permis à Angela Kpeidja de collecter les témoignages nécessaires pour son livre. Elle-même ayant vécu plusieurs types de violence est naturellement plus encline à comprendre et à compatir au traumatisme subi par ces filles et femmes qui viennent à elle. Elle bénéficie également de son parcours inspirant qui a poussé plusieurs filles et femmes dans des engrenages similaires à s’identifier à elle et donc à se battre au lieu de se laisser engloutir par ses violences. Parmi celles-ci, elle réussit quand même à faire la part des choses pour ne pas servir de canal pour des règlements de compte par des victimes qui n’en sont vraiment pas une et qui ne veulent utiliser que sa pugnacité.
Phiolognon, une voix qui s’élève : harcèlement sexuel facteur compromettant toute l’économie
La BD “Phiolognon, une voix qui s’élève” a été co-écrite avec son confrère Jacob Djossou, journaliste spécialisé dans les bandes dessinées. Une oeuvre qui traite pour sa part du harcèlement sexuel qui est véritable problématique de développement pour l’autrice. Cette dernière estime que la pratique a été érigée en normes dans plusieurs administrations béninoises en l’occurrence et est un type de corruption qui ne favorise pas un développement harmonieux ni de l’entreprise ni de la carrière des personnes, des employés.
L’œuvre ne se limite pas aux rêves brisés des femmes. Elle va plus loin en évoquant que le harcèlement sexuel compromet toute l’économie. A titre d’exemple, en empêchant de mettre les profils qu’il faut à la place qui leur convient, cela entrave à la fois la productivité, le rendement et donc la performance.
Angela Kpeidja, l’art tisse
Angela Kpeidja, journaliste à la SRTB est une figure emblématique de la lutte anti-harcèlement sexuel au Bénin. Elle est chef de file du mouvement N’aie pas peur, un centre d’écoute pour les femmes et filles harcelées dans l’administration béninoise. Le but de celui-ci est de décourager définitivement le harcèlement sexuel sous toutes ses formes.
A travers ce mouvement, elle s’était donné pour mission d’apporter un appui juridique et psychologique à toutes les femmes qui subissent le harcèlement en milieu professionnel. Depuis 4 ans, elle entend apporter un changement de comportement de fond au niveau des hommes. Pour elle, l’éducation et l’art sont les leviers sur lesquels s’appuyer.
Dans une interview accordée à la SRTB à quelques jours du lancement de son livre, elle indique “je suis convaincue que le changement de mentalité, la transformation de la société béninoise dans le domaine passera par l’éducation et l’art. Quand je parle d’éducation, c’est non seulement celle que nous héritons de la cellule familiale, mais également celle que nous recevons à l’école. Ça veut dire que les outils didactiques doivent être conçus ou choisis en tenant compte de ce changement souhaité. En particulier, les ouvrages au programme doivent aujourd’hui relever l’importance de la confiance en soi à la fille comme au garçon en mettant l’accent sur le leadership féminin.” soulignant ainsi l’importance combien inestimable des livres dans le changement de mentalité de la société béninoise face aux questions de harcèlement sexuel.
Passionnée par les métiers de l’art, elle réussit à sortir ses lecteurs de leur retranchement et les amène à vivre les émotions des victimes et survivantes à travers des scénarios bien fignolés. Pour elle, la littérature et l’art (le cinéma, le théâtre, la bande dessinée, le dessin animé) sont des outils avérés pour induire un changement de paradigme.
Elle estime que la parole doit être donnée de différentes façons à la jeune fille et à la femme pour l’amélioration de la condition féminine. Celles-ci doivent s’exprimer pour espérer changer les perceptions sociales sur les violences qu’elles subissent à travers la littérature, le cinéma, les articles de presse et les reportages.
très intéressant
Merci à vous