« L’École de la Vie », l’ouvrage publié dans les éditions Genius plum depuis le 18 mai 2025 à Kinshasa signé par Saleh MAHMUDU, jeune poète et écrivain Congolais vivant à Lubumbashi. Son livre s’impose comme une œuvre qui dérange autant qu’elle instruit. À travers l’itinéraire heurté de Ngena, un jeune garçon en quête de réponses face aux turbulences de l’existence, l’auteur propose un récit initiatique d’une rare lucidité, où chaque page semble vouloir rappeler que les plus grandes leçons ne viennent ni des salles de classe ni des manuels scolaires, mais de l’expérience directe, souvent brutale, du réel.
Dès les premières lignes, MAHMUDU installe un ton franc, parfois rugueux, qui épouse la dureté du monde dans lequel évolue son personnage. Ngena, élevé par sa grand-mère après le divorce de ses parents, grandit au cœur d’un quotidien qui ne lui fait aucune concession. Sa vie est une succession d’épreuves qui le façonnent et l’obligent à questionner ce que signifie « apprendre ». Ce roman, structuré en neuf étapes, déroule une progression qui ressemble moins à une narration classique qu’à une lente traversée intérieure. On y suit successivement les errances, les espoirs, les fuites et les désillusions d’un enfant qui découvre que la vérité se mérite, souvent au prix de la souffrance.
Parmi les épisodes les plus marquants, celui de Mitchuri occupe une place centrale. Le lecteur y est plongé dans l’univers impitoyable des carrières minières, où la précarité ronge les corps et les âmes. C’est là que Mateso, l’un des compagnons de route de Ngena, perd la vie. Une scène qui cristallise la violence sociale dénoncée par l’auteur et rappelle la fragilité des destins dans un environnement où l’ignorance peut coûter plus cher que la pauvreté. MAHMUDU insiste avec force : croire sans comprendre, suivre sans réfléchir, c’est déjà s’exposer à la chute.
Cette idée traverse tout le roman. L’auteur affirme explicitement que la véritable connaissance naît de l’esprit critique plutôt que de la simple accumulation de savoirs appris. Une position qui fait écho aux débats actuels sur le rôle de l’école et sur la nécessité d’une éducation capable de former des individus autonomes intellectuellement. Dans ce texte, le savoir n’est pas un décor ; il est la grande question, celle qui décide du chemin que prendra la vie de Ngena et, par extension, celle de tout lecteur confronté à ses propres illusions.
Le style de MAHMUDU, sec et presque dépouillé, surprend parfois par son austérité. Pas d’ornements superflus, pas de lyrisme facile : une écriture qui tranche, qui pèse chaque mot, et qui reflète la dureté du parcours du jeune héros. L’auteur semble avoir choisi délibérément cette sobriété pour mettre en avant la vérité nue qui anime son récit. Cette tension entre simplicité du langage et profondeur des idées donne au roman une force singulière.
« L’École de la Vie » n’est pas un livre qu’on lit d’une traite pour s’évader ; c’est une œuvre qui s’impose, qui questionne, qui bouscule. On la referme avec un sentiment de trouble, parfois même d’inconfort, mais c’est précisément ce qui fait sa puissance. Le lecteur en sort transformé, conscient que la vie enseigne autrement, et souvent mieux, que les institutions. Pour celles et ceux qui cherchent un roman humain, honnête et profondément réflexif, l’ouvrage de Saleh MAHMUDU apparaît comme une lecture indispensable.
Fiston Axel ILUNGA Kabasele, Représentant de l’ivre du livre-RDC
