Du 6 au 16 novembre 2024, le palais des expositions des pins maritimes à Alger accueillera le Salon international du livre d’Alger (Sila). Pour cette 27ème manifestation internationale, l’une des plus grandes maisons d’édition de la France, les éditions Gallimard y est interdites de séjour. Alors que les maisons d’éditions se préparent activement pour cette rencontre, les responsables de Gallimard furent notifiés dans un communiqué unilatéral du comité de leurs interdictions à se représenter.
Les éditions Gallimard ne seront pas présentes au Salon International du Livre d’Alger (SILA) qui aura lieu du 6 au 16 novembre 2024 en terre algérienne. Elles ont été informées par le comité d’organisation dans un communiqué de l’annulation de leur participation à ce rendez-vous international du livre.
“Nous apprenons tout juste que nous sommes interdits de présence au salon d’Alger… Nous venons de recevoir un courrier qui n’apporte aucune explication quant aux raisons ou motifs qui justifient cette décision.” confie Antoine Gallimard au site du monde de l’édition, Actualitté.
Même si le communiqué ne précise pas la raison qui motive ce choix, de nombreuses sources confirment que cette décision serait dû à l’une de leur récente publication. Le dernier roman de Kamel Daoud, Houris n’est pas le bienvenu sur les stands de cet événement. C’est ce que le comité de ce salon souhaite éviter en interdisant la présence de la maison d’édition au Salon International du Livre d’Alger (SILA).
Hourris, la dernière parution en date de Kamel Daoud, sorti mi-août 2024 propose une réflexion provovante voire provocatrice sur la place des femmes dans l’islam et par dessus, toutes les sociétés musulmanes. Il fait revisiter le mythe des houris, ces vierges célestes promises aux croyants dans l’au-délà.
L’œuvre s’interroge sur le fantasme et la réalité des femmes dans le monde arabe contemporain. Elle ne manque pas d’aborder les sujets sensibles que sont l’obsession pour la virginité, la sexualité ou encore la morale religieuse. Kamel Daoud dans cet ouvrage, s’inscrit dans le contexte de la Décennie noire, cette période d’insurrection islamiste. Il faut noter que cette guerre civile historique a débuté en 1992 et oppose le gouvernement aux groupes islamistes radicaux.
En 2015, une Charte pour la paix et la réconciliation nationale a imposé un silence sur les événements. L’article 46 de ce texte puni d’emprisonnement de trois à cinq ans et une amende équivalente de 1700 à 3500 euros ‘’quinconque qui, par ses déclarations, écrits ou tout autre acte, utilise ou instrumentalise les blessures de la tragédie nationale, pour porter atteinte aux institutions de la République algérienne démocratique et populaire, fragiliser l’Etat, nuire à l’honorabilité de ses agents qui l’ont dignement servie, ou ternir l’image de l’Algérie sur le plan international”.
Est-ce le sujet de son livre qui gène Alger ?
Kamel Daoud a apporté une contribution importante et dérangeante aux débats sur la place des femmes dans la société religieuse. Il critique de manière acerbe et ouverte l’islamismes, les dérives religieuses qui répriment la liberté des femmes. Son livre Houris publié par Gallimard est vu plutôt comme un essai philosophique qu’un roman. La fiction étant considéré par ses détracteurs comme un prétexte aux réflexions profondes sur la condition de la femme et la liberté dans des sociétés religieuses, notamment l’islam qui pèse lourdement sur les comportements.
Le roman est conservé par les jurés du Prix Goncourt 2024 dans leur deuxième sélection.
Sur l’interdiction de la maison d’édition Gallimard au SILA 2024, pour l’heure aucune réaction de l’auteur. Le syndicat national de l’édition (SNE) regrette, pour sa part, cette exclusion. Pour lui, ce signal inquiète les éditeurs français. Ces derniers qui croient en la nécessité de développer les échanges entre professionnels pour favoriser les cessions et co éditions entre les pays francophones. Exactement comme l’a voulu, le récent sommet de la francophonie. L’international Publishers Association (IPA) n’est pas resté en marge du communiqué des organisateurs du SILA 2024. Depuis Genève, l’organisation internationale est préoccupée par l’exclusion de Gallimard de la Foire du livre d’Alger. Elle s’inquiète notamment de la situation de la liberté de publication en Algérie, selon les déclarations du président du comité pour la liberté de publication de l’IPA, Kristenn Einarsson.
Par solidarité de groupe, d’autres grandes maisons d’édition française ont décidé de boycotter l’événement. C’est le cas du Groupe Madrigall, de Flammarion, de Casterman et bien d’autres.
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