Dans La Blessure (CEDA, 88 pages), Fatou Fanny Cissé expose avec force la détresse de Mariéta, jeune fille confrontée à l’excision, au mariage précoce et à l’injustice sociale. Un roman poignant où tradition et modernité s’affrontent, porté par la plume d’une autrice engagée pour les droits des femmes africaines.

Mariéta vient d’être pubère et doit commencer une nouvelle vie qui la dispose à l’excision d’une part et au mariage d’autre part. Deux grands événements qui dépassent son entendement. À partir de ces deux centres d’intérêts qui dominent toute l’œuvre, La blessure de Fatou Fanny Cissé, écrivaine ivoirienne née Fatoumata Touré-Cissé en 1971, dénonce certaines pratiques encouragées par la tradition et qui causent tant de blessures psychologiques et physiques.
Ardente défenseuse de la cause des femmes, l’autrice évoque certaines pratiques traditionnelles qui entravent l’épanouissement des femmes africaines. Au nombre de celles-ci figurent l’excision, le mariage forcé, les grossesses précoces, etc. Mariéta va être excisée et donnée en mariage. Après le mariage, elle sera forcée à donner naissance. Par de multiples essais, elle tentera de convaincre sa mère en vain. « Mais maman, les grossesses avant l’âge adulte sont interdites », lit-on.
L’excision vient en premier de toutes ces pratiques sur lesquelles Fatou Fanny Cissé jette son désaveu. Après l’excision, Mariéta connaîtra un véritable cauchemar. Elle devient stérile et vit désormais son mariage difficilement. Sa belle-famille veut qu’elle leur donne un petit-fils. Mais l’empathie du Dr Adou lui donnera confiance en la vie. C’est lui qui ouvrira les trompes de Mariéta bouchées par la substance faite à base de feuilles de plantes dont se sert Koumba, l’exciseuse, pour cicatriser et désinfecter la plaie.
Ce roman met en opposition la tradition ancestrale et la modernité représentée par la médecine moderne, qui sera un véritable remède, et l’école. L’école symbolise l’ouverture de l’esprit parce que Mariéta va à l’école et peut désormais faire une autre lecture de sa société et juger les us et coutumes. L’école devient, dès lors, son seul recours pour tenter de faire changer l’avis de sa mère, véritable garante des valeurs sociétales. Mais face à un monde qui ne connaît ni l’école ni la transformation qu’elle opère, la cause de Mariéta l’emportera-t-elle ?
À l’université Félix Houphouët-Boigny, Fatou Fanny Cissé effectue ses études et obtient une maîtrise en sciences de la communication, puis un doctorat en lettres modernes avant de devenir enseignant-chercheur dans le même département de l’université.
📘 Références
- Auteur : Fatou Fanny Cissé
- Titre de l’œuvre : La blessure
- Éditions : Centre d’édition et de diffusion africaines (CEDA)
- Pages : 88
- Archives : Grâce HOUEDO, troisième compte rendu de l’édition spéciale FILAB, challenge #je_lis_chaque_jour 2024