Président de la délégation togolaise, pays invité d’honneur du FILAB 2025, Koudossou Fioklu Maurille ouvre cette édition en exaltant la force unificatrice du livre et des arts. Dans un monde traversé par les crises et les fractures, il rappelle que les créations littéraires et culturelles demeurent des remparts essentiels, capables de rassembler les peuples, de préserver les valeurs et de transmettre les héritages. Portant la voix d’un Togo résolument engagé pour la culture, il salue le Bénin pour cette initiative qui érige la littérature en espace de rencontre, de dialogue et de rayonnement. À travers son propos d’honneur, il réaffirme l’importance de soutenir durablement les acteurs artistiques et les grands rendez-vous comme le FILAB, creusets indispensables pour nourrir l’imaginaire, célébrer les identités et renforcer l’intégration culturelle africaine.
INTÉGRALITÉ DU DISCOURS D’HONNEUR – KOUDOSSOU FIOKLU MAURILLE – TOGO
Excellence Monsieur le Ministre du tourisme, de la culture et des arts,
Honorables autorités étatiques en vos rangs respectifs distingués,
Mesdames Messieurs les professeurs des universités du Bénin et d’ailleurs,
Monsieur le Président du FILAB,
Messieurs les Parrains international et national du FILAB,
Mesdames Messieurs amis de la culture,
Chers consœurs et confrères des Belles-Lettres,
Quand la case du voisin brûle, hâte-toi de l’aider, non seulement aux noms de la solidarité et la fraternité naturelles mais surtout au nom de ton propre bien. Ce proverbe africain assez populaire que je viens de paraphraser, peut être exploité autrement que sous l’angle de la catastrophe ou de l’accident qu’est l’incendie par les femmes et les hommes créateurs d’images que nous sommes. C’est alors que le Togo a aperçu à l’Est, au loin, une fumée ; et quand il s’est empressé de venir aider son voisin le Bénin, il a constaté qu’en lieu et place d’un événement alarmant, il y avait plutôt des feux d’artifice du livre et des fumées dorées de la culture et des arts assimilés. Dès lors, il a tout simplement pris bonne place avec joie mais aussi avec devoir sans aucune contrainte extérieure.
Je suis donc très heureux de conduire une forte délégation togolaise de onze (11) personnes valeureuses pour prendre une part honorable, active et constructive à la 3è édition du FILAB, après d’âpres négociations depuis la 1ère édition en 2023, à la suite du Burkina Faso et du Gabon, pendant que le Congo est le pays parrain. L’histoire de l’humanité de laquelle les arts font bonne et prestigieuse figure s’écrit, non pas avec des situations statiques mais avec des œuvres humaines empreintes de dynamiques sociologiques et culturelles enrichissantes, transportables, transposables, positives, séculaires et contemporaines.
Pendant que le monde entier est déchiré de parts et d’autres par les guerres et les conflits géostratégiques et politiques, que l’écosystème naturel s’abîme irréversiblement, et que les économies s’effondrent de la cime de leur tour, la littérature, l’art et la culture sont toujours présents, les pieds enracinés dans les connaissances pour rassembler une multitude de peuples autour d’une jarre pleine de savoirs artistiques sur la terre béninoise qu’est le Festival International du Livre et des Arts assimilés du Bénin. Ô, quelle œuvre de rassemblement des peuples, de rapprochement des différences, de communion des esprits créateurs, de découvertes des particularités, de partage des savoirs et savoir-faire grâce à laquelle les actes artistiques et culturels sont renouvelés, écrits et réécrits, peints, sculptés sur les parchemins pérennes, richesses matérielles et immatérielles de l’Afrique et du monde. Pendant aussi que les mœurs sont dépravées, que les traditions héritées de nos aïeuls se dégradent, que les différentes cultures sont piétinées, tuant ainsi l’originalité et le naturel de l’art et de la culture, les grands creusets à l’instar du FILAB sont les seuls remèdes recommandables et recommandés susceptibles de léguer à la postérité les valeurs humaines sociales, sociologiques et culturelles saines. C’est pourquoi j’adhère et j’adhèrerai toujours à tous les produits artistiques partout où ils sont créés et activés. C’est pourquoi je promènerai mes pieds assoiffés de culture partout où la littérature est nourrie. C’est aussi pourquoi je ferai de mes devoirs et mes droits toutes les manifestations artistiques et culturelles partout où elles sont plantées avec des bras vertueux ouverts et tendus.
Au nom de la délégation togolaise sur le qui-vive et au nom des illustres personnages culturels que vous êtes, je voudrais m’adresser, avec toutes les civilités de citoyenneté y afférentes, à toutes les autorités dirigeantes de nos pays, à toutes les organisations régionales et sous régionales africaines et internationales de soutenir financièrement les idées créatrices, de venir en aide aux groupes et groupements artistiques et culturelles comme le FILAB sans compter les doigts car contrairement aux fausses idées et jugements erronés, l’art n’est pas inutile. Il est autant producteur des services, des biens et des richesses que les usines de production d’alimentation générale. Il y a eu 117. 000.000 F CFA de chiffre d’affaires réalisés par les professionnels de l’édition et de l’industrie du livre au SILA, Salon International du Livre d’Abidjan, en mai 2025, selon le rapport du comité d’organisation. L’art est aussi créateur des valeurs humaines positives plus agissantes que les textes de promotion des droits humains, et grâce à lui on peut atteindre les buts et les objectifs de la politique. Les produits artistiques sont d’efficaces matériaux de communication sur les valeurs sociétales entre les groupes ethniques, les races et les peuples du monde entier. Le livre provoque la dynamique communautaire sur nos populations.
A la francophonie pour laquelle les organisations et les manifestations littéraires et culturelles sont promotrices de la langue, je propose, dans le cadre formel de ce festival, un recul stratégique sur la « francophonie politique » afin que ses accompagnements mettent au firmament la « francophonie culturelle et artistique » avec des financements colossaux adaptés sans réserve aux groupes et regroupements artistiques. Elle-même déclare que « les industries culturelles affichent aujourd’hui dans le monde le taux de croissance le plus rapide, créant par conséquent le plus d’emplois. Si, selon les chiffres de l’UNESCO de 2022, elles ne représentent que 3,1 % de la production mondiale, elles génèrent néanmoins deux fois plus d’emplois que les autres secteurs ». Le livre et ses consorts ne devront donc pas être les orphelins ni de la culture ni de l’économie. Car la littérature est constructrice des bonnes mœurs, productrice de richesses ; car la culture et la littérature sont les gardiennes des us et coutumes, vecteurs de toutes les valeurs sociales et sociologiques. Est-il important que je nous rappelle que la civilisation de l’homme ne se trouve pas dans l’homme mais qu’elle se trouve dans les bibliothèques et les autres formes d’expressions artistiques ? La littérature et les arts assimilés sont donc vivants, présents, agissants et dynamiques pour renouveler les cocons, arroser les germinations, fleurir les nouvelles valeurs et perpétuer les traditions humaines de spiritualité.
Je souhaite que mes consœurs et confrères de la forte et patriotique délégation togolaise me permettent de dire à cette auguste assemblée, puisque nous sommes sous l’arbre à palabre, que nous sommes en marche au Togo, que les idées vont certainement fleurir afin qu’un jour, nous aussi, nous vous accueillions comme ici et ailleurs pour de régulières grandes fêtes du livre et des arts. Notre pays le Togo n’est pas que politique, il est aussi et surtout littéraire, culturel et artistique ! Nous sommes conscients que mille lieux commencent par les premiers pas qui sont difficiles mais forcément producteurs des résultats florissants et prospères.
Je voudrais clore mes propos d’honneur à cette 3è édition du Festival International du Livre et des Arts assimilés du Bénin avec ce conseil du poète américain Douglas Mallock qui, avec l’esthétique morale de ses vers, propose aux humains d’être utiles à leurs semblables Hommes, à travers le titre « sois le meilleur quoique tu sois », afin d’illustrer combien de fois nos participations et contributions réciproques aux différentes manifestations littéraires, artistiques et culturelles sont indispensables et édifiantes. Mallock a écrit : « Sois buisson, si tu ne peux être arbre. Si tu ne peux être route, sois sentier ; Si tu ne peux être soleil, sois étoile ; Ce n’est point par la taille que tu vaincras ; Sois le meilleur, quoi que tu sois. » Je nous invite donc à être meilleurs en tout et partout aux différents festivals et salons du livre, et les autres formes d’activités culturelles.
Bonnes activités littéraires et artistiques à toutes et tous au FILAB 2025,
Vive l’intégration culturelle en Afrique et dans le monde,
Vive le Bénin, le Congo et le Togo !
Bénin, le 9 octobre 2025, KOUDOSSOU Fioklu Maurille, Chef Délégation.
