Revenge Porn est le récit d’une aventure amoureuse qui a viré au scandale sexuel, comme le monde en enregistre d’ailleurs tous les jours. Mais lorsque ce récit met l’index sur une personnalité internationale, une figure emblématique du football mondial comme Samuel Eto’o Fils, nécessairement, cette aventure cesse d’être ordinaire. Et ce scandale devient spectaculaire !

Témoignage qui se veut une mise au point finale d’une longue aventure idyllique tatouée d’amour, de sexe, d’argent, d’ambition, de rêves, de frasques et de scandales, Revenge Porn relate six ans de relation amoureux entre Nathalie Koah et Samuel Eto’o. L’autrice y dévoile, sans voile, la face cachée de la légende du football, ses fantasmes sexuels, son amour fou pour les jeux de pouvoir. Elle présente la légende du ballon rond comme un pervers, un libertin sans morale ni scrupules.
2014. Nathalie Koah, après une longue attente dans une relation qui commence à l’ennuyer, décide de quitter sa situation de l’éternelle maîtresse de Samuel Eto’o condamnée à rester dans l’ombre. Elle décide de rompre ! Pour une énième fois. Mais pour de bon cette fois-ci. Et d’un jour à l’autre, elle retrouve ses photos sur Facebook. Nue, dans les postures les plus dégradantes. L’une la montre en plein ébat avec un homme. L’autre la présente en train de se masturber les quatre fers en l’air ! Pour elle, il n’y aurait qu’un responsable : Samuel, son ex. Ce scandale sexuel dans un Cameroun encore essentiellement patriarcal s’éclata, la presse s’en empare, les réseaux sociaux en ont fait le chou gras. Et comme toujours, Nathalie Koah a été traitée de tous les noms : pute, vilaine fille, ratée de la nature, la honte de la gent féminine et de sa famille. Chose étonnante, les critiques les plus acerbes venaient des femmes !
Bref, l’objectif de la publication, ou du moins, de la rédaction de ce livre est donc clair : Nathalie Koah voulait rétablir sa vérité – sa vérité oui, parce que jusqu’à l’instant où cet article s’écrit, c’est la seule version des faits disponible. Autrement dit, Samuel Eto’o ne s’est jamais prononcé sur cette affaire. L’ambition de cet article c’est donc moins aller à la quête d’un éventuel coupable – ce serait une entreprise épuisante, subjective et vaine pour au moins deux raisons. La première : Nathalie n’a pas un don particulier pour la vérité. La deuxième : le silence de Samuel ne saurait être assimilé à une acceptation. Dès lors, chercher à révéler un prétendu coupable serait de l’ordre des miracles !
L’objectif de cet article, c’est de décrypter, d’analyser cette version de Nathalie Koah, en toute objectivité, tout en tentant de comprendre les faits et les choix rapportés par cette dernière.
Le choix n’est pas toujours libre. C’est très souvent le produit de nos désirs, de nos rêves, de nos ambitions. Or, que sont nos rêves, nos ambitions, sinon les filles entremêlées de déterminismes social, familial, géographique ?
La rencontre entre Nathalie et Samuel est tout sauf un hasard. C’est l’histoire d’une fille qui essaie de pousser une autre dans les bras d’un homme. Et dans cette rencontre, la condition sociale de Nathalie a joué un rôle qui passe inaperçu mais qui est très significatif. En effet, celle qui deviendra « la poupée » de Samuel Eto’o vient d’une famille dont la modestie financière a perdu progressivement de son accent. Fait déterminant : Au moment où la famille Koah nageait sur de bon rives, Nathalie ne manquait de rien. Mais tout a basculé lorsqu’il perdit son père, seul souffle de la famille. Les maigres efforts de sa mère devinrent alors insignifiants pour assouvir la grande soif luxueuse de la jeune fille, le train de vie auquel elle était habituée.
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L’autrice a d’ailleurs été honnête à ce sujet : envers sa mère, elle était simplement ingrate ! « Ici, affirme-t-elle, à par les denrées de base, les habitants n’ont rien. Pas même l’espoir d’une vie meilleure. » Et pourtant, sa mère, selon ses propres aveux sacrifiait « confort et loisirs » pour son éducation. Mais pour Nathalie, ce n’était pas suffisant. Parce qu’elle aurait bien aimé être comme les autres enfants de riches, « avec des parterres de vêtements de marques et de bijoux clignotants. »
À cet état de chose, il faut ajouter un autre fait qui explique beaucoup de choses dans cette aventure idyllique. Nathalie a subi beaucoup de rejets dans sa jeunesse. Au secondaire, elle était la risée de ses camarades. C’était la fille qui n’avait qu’une paire de chaussures pour toute l’année scolaire, qui n’avait pas de bons vêtements, pas de garde-robe. Ce décalage de vie entre elle et les autres filles la « frustrait ».
C’est un sentiment qu’on ne saurait reprocher à la gamine qu’elle était. Mais elle aurait bien aimé être vue autrement ! Nathalie ne se cache pas : Elle a un corps de rêve et pour elle, c’est un atout de réussite ! Un autre facteur non moins déterminant qui pourrait expliquer les choix de Nathalie : le traumatisme. Très jeune, sa marraine a été assassinée, tuée par balle, alors qu’elles étaient ensembles.
Plus tard, son géniteur, alors seul pourvoyeur de la famille fut condamné, et quand il sort et finit par se rétablir, il décède mystérieusement. Toutes ces situations auraient créé chez la jeune fille que Nathalie était, ce qu’elle nomme « la peur panique de l’abandon », ce sentiment irrationnel l’a suivi jusque dans sa vie avec Samuel Eto’o.
L’ensemble de ces facteurs ont forgé chez la jeune fille une envie, un but, un ultime but : réussir coûte que coûte ! Elle décide d’être désormais The master of the Game ; « C’est moi qui vais maîtriser le jeu. Profiter de ma beauté pour profiter de leur argent. Et devenir la grande dame enviable, désirable, à laquelle je veux ressembler. » L’adjectif « désirable » ici, dans ce propos renvoie à un autre facteur déjà souligné plus haut : le sentiment de rejet !
Cette décision aussi banale et enfantine soit-elle pourrait bien expliquer beaucoup de choses. Cette envie de s’affranchir de sa condition sociale a entraîné de lourdes conséquences : elle négligea les études, ses résultats déclinent et la fille studieuse, réservée devenue une autre version, finit par abandonner les études en classe de première contre les plaintes de sa mère.
Désormais, elle veut se valoriser, elle veut mettre en valeur sa beauté. Même si sur son passage elle doit escroquer quelques personnes, ce n’est pas grave : la fin justifie les moyens et la fin, c’est de sortir de là, de cette merdique condition de pauvreté.
« Je ne pensais qu’à sortir, m’amuser, séduire. Je passais mes soirées en boîte de nuit à danser et à boire de l’alcool…Je voulais juste profiter de la crédulité des hommes et en profiter pour me faire plaisir. »
Cette envie de s’affranchir a guidé presque tous ses choix de partenaire. De Yannick à Samuel en passant par Bollah et Frédéric, il fallait avoir de l’argent pour avoir droit à cette beauté. D’ailleurs, une conclusion s’impose dès qu’on établit une analogie entre ces quatre partenaires de Koah.
En matière de richesse, Nathalie a plutôt gradué. En effet Yannick, attentionné et charmeur, n’avait pas grand-chose à donner. Bollah en donnait beaucoup. Frédéric est un riche, très sérieux d’ailleurs. Et Samuel : un multimillionnaire en euros ! Nathalie n’avait que 18 ans lorsqu’elle est devenue la petite amie de ce millionnaire !
Avant Samuel, elle avait construit une relation solide avec Frédéric qui, financièrement, était une baleine. Ils préparaient leur projet de mariage quand elle a rencontré Eto’o qui, si on s’en tient aux révélations de ce livre, serait un véritable coureur de jupon. C’est ainsi que dans le cœur de l’ambitieuse Nathalie le doute s’est installé :
« je réalise que le destin de femme au foyer plan-plan que me promettait Frédéric n’était peut-être pas celui dont je rêvais. Le quotidien que Samuel me dépeint m’attire et m’excite. »
Allez savoir de quoi est fait le quotidien d’une superstar comme Eto’o ! En quittant Frédéric pour Eto’o, Nathalie a certes embrassé la vie de luxe, fait de voyages, de plaisir dont elle a toujours rêvé, mais cette vie a aussi sa réalité : la solitude. On est souvent seul, au sommet.
Elle se sentait seule, délaissée, car Eto’o non seulement était mariée à Georgette et avait sa famille, mais aussi était occupé à briller par son talent. Il lui offrait voyages sur voyages dans les pays les plus développés du monde, des shoppings à foison, des séjours dans des hôtels cinq étoiles, des cadeaux dispendieux, de voiture, mais pas le temps, en tout cas pas suffisamment !
Et le peu de temps que Eto’o trouve, il le partage entre sa famille et ses nombreuses femmes !
À ce niveau de l’analyse, on pourrait se poser la question : pourquoi Nathalie se sentait seule si elle a ce qu’elle voulait, si elle s’est affranchie ? Mieux, pourquoi restée après s’est rendue compte que Eto’o était mariée, qu’il a des envies perverses et avait des femmes à travers le monde ?
C’est ici qu’intervient la question de responsabilité, conséquence logique des nombreux choix que Nathalie a faits. Il y a une raison simple qui explique son ennui : son oisiveté. Après avoir abandonné les études, la gamine qu’elle était, était trop occupée à fêter et à oublier l’essentiel : apprendre à faire quelque chose.
Cette réalité fâcheuse nous ramène à une contradiction terrible dans le récit de Revenge Porn : Nathalie quitta Frédéric parce que la vie de femme au foyer qu’on lui promettait n’était pas son truc. Et pendant ce temps, elle ne sait rien faire, absolument rien faire pour être autonome. Comment ne pas être femme au foyer, oisive ?
Malgré tout ce que le joueur mettait à sa disposition, elle se sentait seule, parce qu’elle n’avait pas de travail. C’est d’ailleurs là une triste réalité qu’on ne saurait attribuer à Eto’o parce qu’à maintes reprises, Samuel l’a sommé de reprendre ses études ou de choisir une formation qu’il va financer.
De plus, le choix de Nathalie, celui de rester malgré tout, a deux fondements majeurs. Si sachant Samuel marié, elle a décidé de rester, c’est probablement par peur de perdre Samuel et surtout la vie de luxe à laquelle elle est maintenant habituée alors que cela a toujours été son rêve.
Aussi, par-dessus tout, elle espérait de tout cœur « prendre la place de la femme légitime » un jour. Il y a là, la peur panique de l’abandon et l’ambition démesurée de réussir juste en mettant en avant son corps. Il ne peut s’expliquer autrement le fait qu’elle accepte de coucher avec un autre, juste pour faire plaisir à Eto’o, le fait d’avoir accepté même des plans à trois. Elle ne voulait pas le perdre. Elle ne voulait pas perdre son argent !
Revenge porn. Foot, sexe, argent : le témoignage de l’ex de Samuel Eto’o est une succession de choix et de responsabilités ; une succession de causes et d’effets, de silences et de conséquences sonores. Jean-Paul Sartre le disait si bien, chaque parole a des conséquences, chaque silence aussi.
Ce sont des choix de vie opérés par des adultes qui ont eu des moments de gloire, des moments de doutes, des moments de peines. Dans ce livre, Nathalie Koah n’a rien regretté et c’est tant mieux. Parce qu’il n’y a absolument rien à regretter. Il n’y a que des leçons à tirer.

D’ailleurs, il serait injuste de la juger, au plus pourrait-on lui reprocher sa naïveté. C’est une fille qui a rêvé grand, très grand. Peut-être a-t-elle volé trop près du feu, peut-être est-elle tombée sur la mauvaise personne. Ou peut-être pas ! L’essentiel, c’est qu’elle ait trouvé le courage de faire face à ses responsabilités.
L’important, c’est cette expérience qu’elle partage et qui doit servir non de simple récit, celui d’une femme blessée, mais de leçons pour la jeunesse. Il faut louer son audace, celui d’avoir consenti s’exposer dans les détails les plus intimes juste pour informer et ce dans un style limpide, sans voile et dépourvu de toute ambiguïté linguistique.
Revenge porn est un témoignage de dix-neuf chapitres. Écrit sur 148 pages, le livre paru en 2016 aux éditions du moment à Paris. Juste à sa sortie, il fut interdit de publication suite à la plainte portée par Samuel Eto’o pour violation de la vie privée.
Edmond BATOSSI. Étudiant inscrit en philosophie à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales FASHS et en Droit à la Facultés de Droit et des Sciences Politiques FADESP à l’Université d’Abomey-Calavi.
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