“La secrétaire particulière“ est une œuvre de Jean Pliya écrit sur 94 pages. Comédie et pièce de théâtre, publié aux Éditions CLÉ à Yaoundé en 1973, le livre, à travers des scènes à portée éducative, renvoie à l’époque post-coloniale où la notion de l’indépendance semble avoir été mal assimilée. Ce tableau, paru en 8ème édition, se présente en quatre actes où sont mis en scène quatre principaux personnages à savoir : M. Chadas, Nathalie, Virginie et Jacques.
M. Chadas, chef des lieux, personnage égocentrique, aux grands airs, beau parleur corrompu jusqu’à la moelle, ne se gêne pas pour s’offrir les meilleurs services de ses employés. Il ne pense qu’à ses propres intérêts et n’hésite pas à violer les règles de bonnes conduites pour satisfaire sa personne.
Par ailleurs, l’auteur construit ses idées autour d’un personnage dont le statut suscite autant d’interrogations que de réflexions. Ainsi Nathalie, secrétaire sténo-dactylographe, jeune et peu expérimentée, sa naïveté l’a conduite, à chaque fois que l’occasion se présente, dans les bras de M. Chadas dont elle nage dans les bonnes grâces :
<< Toi tu n’as que ton certificat d’études. Et pourtant, tu me donnes satisfaction et nous nous entendons bien. >>.
En ces termes, il faut lire et reconnaître la bassesse que porte en son âme M. Chadas et le rôle qu’il attribue à la femme. Comme quoi, ici-bas une femme ne saurait arriver à rien sans son corps. C’est une des tristes réalités auxquelles s’oppose l’auteur à travers les opinions de Virginie Hobami.
Jeune fille modèle, secrétaire de direction, cette dernière est dotée d’une bonne vertu ainsi que d’une bonne conscience professionnelle, des qualités qu’elle n’hésite pas à mettre en pratique. Tenant rigoureusement à son honneur et à sa dignité, elle soutient bravement le regard de M. Chadas et ne manque pas de lui faire part de ses opinions sur ses méthodes de dirigeant qui s’opposent à ses règles et leçons d’or connues de tous.
Très vite, elle devra oublier l’école et les principes des livres, car ce dernier lui fera comprendre que l’école de la vie et celle de l’État ne sont point sur la même longueur d’onde : << Le diplôme n’est rien. Seule la pratique compte. >> (Page 14, acte premier).
Durant les quelques jours passés sous la direction de son patron, Virginie apprit beaucoup de choses et retint que <<Notre pays porte en lui, à son insu, le ver qui le ronge.>> (Page 68, acte trois). Nathalie finit par accepter que M. Chadas est un personnage hautain, profiteur qui ne fait rien pour mériter le respect qu’il exige de ses employés.
Quant à Jacques, amoureux de Virginie, employé soumis, en dépit de son désaccord avec les actes de son patron, se sent dans l’obligation de lui obéir pour préserver sa place. Mais cela ne dure pas longtemps car Denise, jeune avocate, finit par lever le voile sur les diverses combines de M. Chadas qui finit menottées. La loi en fera son affaire.
Enfin, Virginie et Denise, femme vertueuse, fidèle à l’enseignement de l’école et aux principes des livres et l’autre forgée par la loi, toutes deux réussirent sur un terrain où certains hommes n’ont eu ni le courage ni l’audace de s’aventurer.
Jean Pliya n’émet aucune réserve dans sa démarche scripturale en révélant les principaux maux qui, dans le milieu de la fonction publique, gangrènent la société béninoise. Ainsi l’éducation, la ponctualité, la corruption, la mauvaise gestion du pouvoir et le chômage qui en est le corollaire sont les principales thématiques sur lesquelles se base la pièce de théâtre. “La secrétaire particulière“ est le miroir à travers lequel tout citoyen devrait se regarder pour éradiquer les tares qui visent à ternir son image.
✍️Amidath ADJAGBE
Références :
Livre : La secrétaire particulière
Auteur : Jean Pliya
Édition : CLE, Yaoundé 2006
Genre : Théâtral
Nombre de pages : 94