Le 19 mars 2025, la Commission européenne a présenté son « Livre blanc » sur l’avenir de la défense européenne, en parallèle au plan « ReArm Europe ». Cette feuille de route ambitieuse vise à renforcer les capacités de défense des États membres face à une conjoncture géopolitique marquée par la menace russe et un désengagement progressif des États-Unis.

Un plan d’investissement massif pour la sécurité européenne
Avec un budget de 800 milliards d’euros, « ReArm Europe » représente l’un des plus grands efforts de réarmement et de structuration de l’industrie de défense de l’Union européenne (UE). Cette initiative se distingue par plusieurs mesures-clés :
- Assouplissement des règles budgétaires : Les États membres pourront dépasser la limite de déficit public de 3 % du PIB, leur permettant d’accroître significativement leurs dépenses militaires sans activer la procédure de déficit excessif.
- Mobilisation de 650 milliards d’euros sur les budgets de défense nationaux.
- Mise à disposition de 150 milliards d’euros de prêts pour financer des capacités stratégiques : défense antiaérienne, drones, systèmes antidrones et artillerie lourde.
Les axes stratégiques du Livre blanc
Le Livre blanc présente une analyse approfondie des lacunes des forces armées européennes, notamment en raison d’années de sous-investissements. Il fixe plusieurs priorités :
- Modernisation des forces armées : Investissements accrus dans les systèmes d’armes européens et mise en place de standards interopérables entre les États membres.
- Renforcement de l’industrie européenne de la défense : Priorisation des fournisseurs européens pour atteindre 65 % de contenu local dans les systèmes d’armement.
- Révision de la directive sur les marchés publics : Faciliter les achats conjoints et permettre à certains partenaires stratégiques comme la Norvège, le Japon et la Corée du Sud de participer aux projets d’armement.
- Intégration de l’Ukraine dans l’écosystème européen de défense : Rapprochement de l’industrie ukrainienne des normes et standards européens.
- Augmentation du financement pour la recherche et le développement dans des technologies de rupture comme l’intelligence artificielle, les systèmes quantiques et l’hypervélocité.
Un virage stratégique face aux enjeux géopolitiques
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a souligné que « l’ère des dividendes de la paix est révolue ». Face à une Russie en économie de guerre et une possible reconfiguration des alliances transatlantiques, l’Europe se doit d’assurer sa propre sécurité.
L’OTAN reste un acteur central de la défense européenne, mais « ReArm Europe » vise à créer une base industrielle plus autonome et une capacité de réaction rapide face à toute agression future.
Un projet ambitieux mais des obstacles à surmonter
Malgré l’ambition du plan, plusieurs défis restent à relever :
- Coordination entre les États membres : L’harmonisation des stratégies de défense nationales pourrait se heurter à des divergences politiques et industrielles.
- Acceptation politique et sociale : L’augmentation des budgets de défense pourrait faire l’objet de critiques face à d’autres priorités sociales et économiques.
- Dépendance technologique : L’Europe doit encore combler son retard en matière de technologies de pointe, notamment face aux grandes puissances comme les États-Unis et la Chine.
Le plan « ReArm Europe » et le Livre blanc marquent un tournant décisif pour la défense européenne. En renforçant les investissements, en favorisant une autonomie industrielle et en facilitant la coopération entre États membres, l’UE cherche à assurer la sécurité à long terme de ses citoyens. Ce projet ambitieux devra cependant relever le défi de la mise en œuvre concrète et de la coordination entre les différents acteurs impliqués.