Lettre ouverte aux Camerounais ou la deuxième mort de Ruben Um Nyobe est un livre écrit par l’écrivain camerounais MONGO BETI. Il est publié en 1986 aux Éditions des Peuples Noirs et s’étend sur 131 pages. Il développe dans son ouvrage l’oligarchie ploutocratique confinée dans la bureaucratie en Afrique francophone et plus particulièrement dans son pays le Cameroun.
Mongo BETI présente la triste image que montre l’Afrique francophone
Le néocolonialisme s’efforce de dégager en Afrique francophone par des moyens généralement immoraux, une oligarchie ploutocratique asservie à ses intérêts, mais confinée dans la bureaucratie pour laisser partout ailleurs le champ libre à la gloutonnerie des multinationales occidentales, françaises en particulier.
Larbins voués à la médiocrité, sans imagination, sans esprit d’initiative, les dirigeants noirs doivent être des robots à jamais programmés pour la seule répression de leurs compatriotes. Nulle part ailleurs qu’au Cameroun depuis 1960 les dirigeants ne se sont montrés aussi conformes à ce modèle imposé. L’équipe conduite, selon l’expression consacrée de Paul BIYA, bat tous les records d’impersonnalité et d’insignifiance.
L’auteur présente le règne sans partage de Paul Biya sur son pays le Cameroun
Au Cameroun, Paul Biya plus encore qu’un Ahmadou AHIDJO brillent surtout par la bassesse, l’aptitude à plier l’échine devant le protecteur occidental ou ses représentants diplomatiques, économiques, financiers, militaires. MONGO BETI démontre dans cet ouvrage comment Paul Biya est prisonnier de son éducation.
Pour lui cet homme a été façonné pour la prêtrise à l’époque coloniale par une congrégation dont Mgr LEFEBVRE, l’évêque intégriste bien connu, fut longtemps le guide et le fleuron. MONGO BETI affirme de façon péremptoire que tous ceux qui ont eu ces missionnaires là pour maîtres, à un titre ou à un autre, se souviennent que vouvouyer un nègre était pour eux le summum du libéralisme en même temps qu’une pénible obligation.
Aussi, pour MONGO BETI, Paul Biya est prisonnier de son passé politique : il a été pendant vingt ans le bras droit d’un tyran qui n’eut jamais d’autre système de gouvernement que la terreur. Les quatre années de son règne viennent de montrer que, fidèle aux leçons de son maître, le successeur d’Ahmadou AHIDJO n’imagine même pas que la foule puisse être mue par d’autres ressorts que la peur, diffuse ou pacifique.
L’écrivain camerounais évoque dans sa lettre l’ingérence de la France dans les affaires politiques de l’Afrique
Mais il faut le dire aussi, Paul Biya est surtout, comme la plupart des tyranneaux africains francophones, prisonniers de la stratégie géographique de Paris, bien qu’il se soit évertué, avec l’aide de François Mitterrand, à le dissimuler.
Les localités rurales du Cameroun comme celles où régne des tyranneaux africains fabriqués pour la plupart par la France sont victime de la gestion dictatoriale du pays. Bien qu’à des degrés divers de l’illusion, les bien-pensants de ces localités rurales peuvent décemment chausser les pataugas des intellectuels progressistes. En fait, au constat, ces bien pensants travaillent à l’avènement d’un minimum de démocratie.
EBAGNE BEKEMEN SÉVERIN
Coordonnateur du Cercle de Réflexion et d’Action pour le Développement Holistique de Nitoukou, CRADHON, Hikwe hi tusinit