- Date de tombée (deadline) : 28 Février 2025
- À : Université Félix Houphouët-Boigny Du 2 au 4 juillet 2025
L’une des particularités des recherches universitaires de Jean-Marie Kouakou, c’est qu’elle ne se limite pas au seul cadre du littéraire. Auteur de nombreux articles et de plusieurs ouvrages critiques littéraires, ses recherches s’abreuvent à la source d’autres disciplines annexes à savoir : la géométrie, la linguistique, la philosophie, l’anthropologie culturelle et les théories psychanalytiques lacaniennes pour ne citer que celles-ci. Il n’y a presque pas, de ce qu’il apparaît de la lecture de ses travaux à notre connaissance, de recherche littéraire qu’il n’entame sans qu’elle ne soit fécondée et/ou inspirée par des savoirs universels des disciplines sœurs. Cette approche se justifie sans doute par le fait que la critique littéraire – il nous semble – ne saurait fonctionner en vase clos au risque de tourner en rond et de s’essouffler. Il lui faudrait, pour être performante, s’ouvrir à des savoirs autres étant donné que la littérature donne à lire, l’expression d’un monde autre, reflet plus ou moins fidèle de notre réalité. De ce fait, lire les travaux de cet universitaire dont la trajectoire part du structuralisme au symbolisme en passant par le néo-structuralisme avec la résurrection du sujet peut s’apparenter au franchissement d’un espace sans frontière disciplinaire tant les savoirs se complètent dans ses écrits.
À titre d’exemple, relisons quelques-uns de ses travaux en commençant par Les Représentations dans les fictions littéraires Tome 2. Par les pratiques fictionnelles. L’ouvrage, entièrement consacré au concept de la représentation dans le domaine littéraire, s’ouvre, cependant, par une préface qui a pour point de départ « la conception dualiste » de l’espace chez les physiciens et que partage par ailleurs le philosophe Jacques Bouveresse. Ce point de départ qui peut paraitre curieux et étrange(r) au fait littéraire permet pourtant à Jean-Marie Kouakou de « penser le concept (de représentation) de manière transversale, en ayant à l’esprit que ledit concept a, à la fois, tout de la masse physique et de l’interprétation subjectiviste ». Le fait est que, comme il le souligne d’ailleurs, « la matière littéraire n’est jamais exclusive […] Elle se construit, comme chez les physiciens, sur l’espace autre, celui du vide, celui qui, « malgré sa construction étrange, se révèle être une table tout à fait performante ». L’auteur poursuit ainsi dans ce tome 2 son effort de conceptualisation, déjà entrepris dans son précédent volume sur les représentations, en se laissant « investir par les balises des disciplines annexes, du ressort des sciences dites dures, toutes néanmoins arrimées autour des principes de la linguistique saussurienne, mais aussi de la psychanalyse lacanienne, pour se constituer sous l’angle d’une espèce de philosophie formelle de la littérature ».
L’un de ses articles, « Page de livre. Entre géométrie, géométral et architecture » ne déroge pas à ce principe. Il s’inspire en effet de L’Étrange volupté de la mathématique littéraire d’Huguette de Broqueville. Dans cet article, Jean-Marie Kouakou, en se concentrant exclusivement sur une seule « page d’écriture », met en évidence le lien unissant littérature et géométrie, car une page est avant tout « le fruit d’une découpe objet de géométrie ». Dans le même ordre d’idées, l’on peut aussi citer ses travaux sur l’œuvre d’Ahmadou Kourouma qui s’appuient nécessairement sur les savoirs de l’anthropologie culturelle afin de démontrer comment le retour « au temps originel éternel » opère pour résister à « l’irruption et au mouvement de l’Histoire ». On pourrait évoquer aussi « Ombre de récit … Corps de récit » qui emprunte au domaine juridique la notion de « non-lieu » mais, arrêtons-nous sur « Fonctions de langage. Essais lacaniens sur Des Grieux et le pasteur gidien ». Dans cet article dont le titre dit qu’il s’accompagnera nécessairement de la psychanalyse lacanienne, Jean-Marie Kouakou procède à une psychanalyse du texte en s’appuyant sur la parole du sujet-personnage afin de mettre en relief sa personnalité sans avoir recours au discours du narrateur ou de l’auteur. Ce faisant, il établit un rapprochement entre littérature et psychanalyse.
Penser le fait littéraire à partir des savoirs universitaires et donc universels, tel semble être le principe qui guide et oriente la recherche chez Jean-Marie Kouakou. Mais, n’est-ce pas là le trait caractéristique de l’universitaire que de s’intéresser aux savoirs des différentes disciplines selon ce que nous enseigne François Rabelais dans la fameuse lettre de Gargantua à son fils Pantagruel ? Difficile de ne pas voir à travers les travaux de ce chercheur d’université, mu par un besoin d’universel, un accomplissement de ce précepte ancien.
Subséquemment autour de la démarche dont les travaux universitaires de Jean-Marie KOUAKOU restent le Maître-objet, ce colloque se propose de cerner l’espace de l’antre de ses productions et d’appréhender l’universalité de celles-ci dans l’esprit et en toutes lettres… Ainsi, loin de vouloir apporter des réponses définitives aux axes non exhaustifs dont la proposition suit, il importe pour les contributeurs d’offrir des pistes susceptibles d’éclairer son public.
Axe d’étude 1 : Penser l’œuvre littéraire
La « chose littéraire » dans sa signifiance passe, chez Jean-Marie Kouakou, par différents systèmes de frayages (au sens freudien). Il s’agit pour lui de réfléchir aux nouveaux sujets et objets de la recherche en littérature en saisissant ce qui se joue dans le transfert d’une discipline à une autre. L’intelligence de son approche est d’ouvrir un espace de dialogue interdisciplinaire qui part de la philosophie vers la littérature c’est-à-dire, de concepts et de questions philosophiques authentifiés par une sorte d’expérimentation fictionnelle de la littérature française.
À ce niveau, les contributeurs pourront, à juste titre, réfléchir sur les enjeux de l’interdisciplinarité, tel qu’elle peut être comprise par les critiques dont les travaux embrassent ces deux domaines.
Axe d’étude 2 : Frayage psychanalytique
Toute œuvre littéraire, et particulièrement la fiction, donne l’occasion d’investiguer sous différents angles, des plus goûtées aux plus inhibées, les approches critiques. Cette aspiration légitime, dans sa perspective avant-gardiste, semble avoir eu un écho favorable auprès du jeune chercheur de l’époque. Ce dernier va introduire sous nos tropiques savants, et devant tant de « résistances » de ses pairs/pères, une méthodologie que beaucoup tenait pour éloignée, a priori. Malgré « l’exil », l’auteur insistera au contraire obstinément. Et cette force résiliente se manifestera par de nombreux travaux dont le socle est à trouver dans les théories psychanalytiques freudiennes d’abord, ensuite, lacaniennes.
Cette perspective invite les panélistes à montrer toutes les possibilités encore offertes, sinon inexploitées, de nos jours, dans la fraternité (et même au-delà) qui lie ces composantes diverses.
Axe d’étude 3 : Pour une anthropologie culturelle des textes
La littérature, dans ses rapports avec les autres disciplines, entretient une résonance quasi familiale avec les sciences sociales en raison de l’intérêt croissant porté aux « enquêtes de terrain » qui sous-tendent les écritures contemporaines. Ce levier heuristique offre une autre occasion pour le novateur qu’il est de contribuer aux mutations de la vie universitaire et donc intellectuelle, en promouvant cette articulation méthodologique dont il dépeint aujourd’hui une part importante de nos façons de penser le fait littéraire.
Les contributeurs chercheront à rendre compte des ponts et des échanges féconds et stimulants entre les deux disciplines par des situations et pratiques artistiques contemporaines d’ici et d’ailleurs.
Axe d’étude 4 : Cheminement d’une réflexion critique et intellectuelle
La trajectoire des recherches de cet universitaire semble imposer une réflexion minutieuse sur le cheminement de sa pensée depuis sa genèse jusqu’à nos jours. D’une part, il s’agira de tracer et d’interroger le parcours général de ses recherches universitaires. D’autre part, il pourrait s’agir de se saisir d’une ou de plusieurs de ses contributions universitaires pour montrer la fabrique, faire ressortir ainsi la génétique et éclairer le processus de sa réflexion critique tout en mettant en évidence la figure d’intellectuel qui s’y dessine.
Modalités
Ce colloque international est pluridisciplinaire. Il vise à rendre lisible et visible les traces laissées par un universitaire hors pair et ouvert aux champs des savoirs.
Langues de travail : français et anglais.
Format de soumission : Les propositions, au format PDF, ne dépassant pas 500 mots, incluant un titre, une référence institutionnelle et des mots clés, doivent être envoyées à l’adresse suivante : colloquejmk@gmail.com
Calendrier prévisionnel
– Date limite de soumission des propositions : 28 février 2025.
– Réponse du conseil scientifique : 15 mars 2025.
– Date du colloque : 02, 03 et 04 juillet 2025.
– Date limite de réception des articles : 15 décembre 2025.
– Date de publication de l’ouvrage collectif : juillet 2026.
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Frais de participation
– Enseignants-chercheurs/ chercheurs : 50.000 F CFA (77 euros)
– Doctorants : 20.000 F CFA (31 euros)
– Autres intervenants : 30.000 F CFA (46 euros)
– Les frais de participation au colloque doivent être envoyés par Mobile money, Western union et Money gram aux trésoriers Dr (MC) KONAN Richmond Alain, 07 47 72 72 33 Wave) et Dr (MC) GNAYORO Jean Florent Romaric, 07 57 92 46 86 Orange money). Ces frais couvrent les pause-café, les déjeuners, le kit de participation. Les frais de voyage et de séjour sont à la charge des participants.
– Nb : Les actes du colloque feront l’objet de publication.
Conseil scientifique
– Pr ABOA Abia Alain, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
– Pr ADOM Marie Clémence, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
– Pr BLEDE Logbo, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
– Pr BOA Thiémélé, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
– Pr BOHUI Djédjé Hilaire, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
– Pr COULIBALY Adama, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
– Pr EZOUA Cablanazann Thierry Armand, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
- Pr FARANTON Valérie, Académie d’Amiens
- Pr GBAKLIA Koffi Elvis, École Normale Supérieure d’Abidjan
- Pr Marie-josée HOURANTIER, Ecole Normale Supérieure d’Abidjan
– Pr KONANDRI Virginie, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY et ASCAD
– Pr KOUADIO Jérémie, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY et ASCAD
– Pr KOUAME Jean Martial, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
– Pr LARROUX Béatrice, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
– Pr LEZOU Koffi, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
– Pr MEITE Méké, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
– Pr MINDIE Pascal, Université Alassane OUATTARA
– Pr N’GORAN David, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
– Pr OBOU Louis, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
- Pr RENOUPREZ Martine, (Université de Cadiz)
- Pr TRAORE françois Bruno, Université Félix HOUPHOUET-BOIGNY
– Pr SIDIBE Valy, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY et ASCAD
– Pr YEPRI Léon, École Normale Supérieure d’Abidjan
Porteurs du projet
– Dr (MC) GORE Orphée Gerson, École Normale Supérieure d’Abidjan
– Dr AKA Adjé Justin, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
– Dr M’BESSO Anicet, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
Comité de coordination :
– Dr (MC) COULIBALY Arouna, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
– Dr (MC) GNAYORO Jean Florent Romaric, Université Peleforo GON COULIBALY
– Dr (MC) HOUESSOU Dorgelès, Université Alassane OUATTARA
– Dr (MC) KONAN Richmond Alain, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
– Dr AGOUBLI Paul-Hervé, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
– Dr ANZOUMANA Sinan, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
– Dr DELY Daniel, Université de Limoges
– Dr EHOUSSOU Alain, Université Alassane OUATTARA
– Dr KONÉ Karim, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
– Dr MAMBO Alleby Serge-Pacôme, Université Alassane OUATTARA
– Dr OUATTARA Siriki, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
– Dr SERIFOU Adélaïde, Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
Bibliographie sélective
– BACHELARD Gaston, La psychanalyse du feu, Paris, Gallimard, Collection Folio / Essais, 1949.
– BARTHE Roland, L’aventure sémiologique, Paris, Seuil, 1985.
– FREUD Sigmund, L’introduction à la psychanalyse, Paris, Payot, Petite Bibliothèque, 1970.
– GREEN André, Idées directrice pour une psychanalyse contemporaine. Méconnaissance et reconnaissance de l’inconscient, Paris, P.U.F., 2002.
– GREIMAS Algirdas-Julien, Du sens : Essais sémiotiques, Paris, Seuil, 1970.
– KANT Emmanuel, Critique de la raison pure, Paris, P.U.F., 1968.
– KERBRAT-ORECCHIONI Catherine, L’implicite, Paris, Armand Colin, 1986.
– KOUAKOU Jean-Marie, La pensée de Sony Labou Tansi, Paris, L’Harmattan, Coll. Critiques littéraires, 2003 ;
· La chose littéraire, Abidjan, Éditions ÉDUCI, 2005 ;
· Les représentations dans les fictions littéraires, Tome 1, Théorie, Paris, L’Harmattan, Coll. Afrique libertés, 2010 ;
· Les représentations dans les fictions littéraires, Tome 2, Pratiques, Paris, L’Harmattan, Coll. Afrique libertés, 2010 ; (Dir)
· J.M.G. Le Clézio. Accéder en vrai à l’autre culturel, Paris, L’Harmattan, Coll. Critiques littéraires, 2013 ;
· Penser la réconciliation. Pour panser la Côte d’Ivoire, Paris, L’Harmattan, 2015 ;
· Avec Valérie Faranton, Le Clézio et ses ancêtres, L’archive familiale, Paris, L’Harmattan, Coll. Critiques littéraires, 2021.
– LACAN Jacques, Écrits II, Paris, Editions du Seuil, 1966.
· Les Quatre Concepts fondamentaux de la psychanalyse, Le Séminaire Livre XI, Paris, Editions du Seuil, 1973.
· Le séminaire, Livre V, Les formations de l’inconscient, Paris, Editions du Seuil, Champ freudien, 1998.
– LEVI-STRAUSS Claude, Nature, culture et société : Les structures élémentaires de la parenté, Paris, Edition Flammarion, 2008.
– MERLEAU-PONTY Maurice, Signes, Paris, Gallimard, 1960.
– PANOFSKY Ervin, L’œuvre d’art et ses significations, Essais sur les arts « visuels », Paris, Editions Gallimard, Bibliothèque des Sciences Humaines, 1969, traduit de l’anglais par Marthe et Bernard Teyssèdre.
– RICARDOU, Jean, Pour une théorie du nouveau roman, Paris, Editions du Seuil, Collection ‘‘ Tel Quel ’’, 1971.
– RICOEUR Paul, Temps et récit : Le temps raconté, Paris, Editions du Seuil, 1985.
– SARTRE Jean-Paul, L’être et le néant. Essai d’ontologie phénoménologique, Paris, Gallimard, Collection Tel, 1943.
– SCHOPENHAUER, Arthur, Le monde comme volonté et comme représentation, Paris, P.U.F., traduit par A. Burdeau, 1è édition 1966, 2è édition Collection « Quadrige », 2006, 1434 p.
– SHIRANI Takashi, Deleuze et une philosophie de l’immanence, Paris, L’Harmattan, 2007
– WAHL, François, Qu’est-ce que le structuralisme ? Paris, Seuil, 1968.
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