Du 13 au 15 juin 2025, le Carreau du Temple, au cœur du quartier du Marais à Paris, accueille l’un des événements majeurs du patrimoine écrit : le Salon du livre rare et des arts graphiques. Organisé par le Syndicat national de la Librairie Ancienne et Moderne (SLAM), ce rendez-vous annuel attire collectionneurs, curieux, bibliophiles et professionnels du monde entier, venus découvrir l’histoire à travers les œuvres sur papier.
Cette manifestation, devenue une référence dans le domaine du livre ancien et de l’objet graphique, rassemble une diversité d’acteurs : libraires spécialisés, marchands d’autographes, éditeurs d’art, galeristes, relieurs ou encore artisans du livre. Des manuscrits médiévaux aux avant-gardes du XXe siècle, des gravures rares aux éditions originales les plus prisées, le Salon offre une plongée fascinante dans la richesse du patrimoine culturel imprimé.

Un lieu, un esprit, des trésors
Depuis son installation au Carreau du Temple, ce salon connaît un nouvel élan. L’édition 2024 y avait déjà conquis le public, porté par l’accessibilité du lieu et la vivacité du quartier. L’ambiance y conjugue exigence et passion : on y vient pour admirer, pour échanger, parfois pour acquérir.
Cette année, le Musée Alekos Fassianos, en hommage à l’artiste grec disparu en 2022, est l’invité d’honneur du salon, avec une exposition dédiée. Un dialogue inédit s’instaure entre le monde du livre et celui des arts visuels.
Kafka en lumière : une collection exceptionnelle dévoilée
Parmi les événements marquants de cette édition 2025, la présentation d’une collection remarquable consacrée à Franz Kafka attire déjà l’attention. Issue de quarante années de passion bibliophile de Thierry Bouchet, cette collection rassemble 427 pièces autour de l’auteur de La Métamorphose – manuscrits, lettres, éditions rares, dédicacées ou annotées.
On y découvre, entre autres, une édition originale de La Colonie pénitentiaire dédicacée à son ami Oskar Baum, des lettres manuscrites adressées à Robert Klopstock et à l’acteur Ludwig Hardt, ainsi que des exemplaires rares du Soutier, de La Métamorphose et d’Un Artiste de la faim, le dernier recueil publié avant la mort de Kafka en 1924.
Mais le joyau de cette collection se niche dans les marges de quelques feuillets : des annotations en hébreu, rédigées de la main de Kafka lui-même. Passionné par cette langue, qu’il étudia intensément entre 1917 et sa mort, l’écrivain rêvait d’émigrer en Palestine. Sur des épreuves de sa nouvelle Rapport pour une académie, il pratiquait des exercices de grammaire, mêlant écriture littéraire et apprentissage linguistique. Ces feuillets autographes, empreints d’une rare intimité, offrent un regard inédit sur la relation de Kafka à la langue et à l’exil, et constituent l’une des pièces maîtresses de la collection.
Enfin, un hommage particulier est rendu à Alexandre Vialatte, traducteur emblématique de Kafka en français, à travers un ensemble de documents autographes, dont le manuscrit intégral de sa traduction des Lettres à Milena.