Dans Elon Musk en 50 tweets, publié le 06 juin 2025, David Chavalarias, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de l’impact des réseaux sociaux sur la démocratie, décortique les messages du patron de X (ex-Twitter) pour révéler, au-delà du buzz, une vision du monde cohérente, radicale et inquiétante.

Après Toxic Data, Comment les réseaux manipulent nos opinions essai remarqué sur la manipulation de masse par les algorithmes, publié en 2022, Chavalarias s’attaque ici à l’ascension d’Elon Musk comme figure centrale du débat public, auto-proclamé “mâle alpha” d’un réseau qu’il contrôle désormais, et dont les algorithmes semblent taillés sur mesure pour amplifier sa parole.
À travers 50 tweets emblématiques, le chercheur montre que les propos de Musk ne sont ni erratiques ni déconnectés, mais organisés autour d’une idéologie long-termiste : préserver l’humanité à long terme, quitte à sacrifier les faibles d’aujourd’hui. Une posture qui légitime des prises de position brutales, parfois déshumanisantes — notamment envers les migrants, les militants “woke” ou les personnes marginalisées.
L’ouvrage dévoile aussi une hostilité systématique aux médias traditionnels, qualifiés de « machine à laver le cerveau », et un appui discret mais répété à l’extrême droite, de Giorgia Meloni. Certains messages suggèrent même une convergence d’intérêts avec la Russie, esquissant un axe d’influence trouble sur les réseaux.
Chavalarias invite à ne pas se laisser happer par le flux et la volatilité du numérique : imprimer ces tweets, les analyser, leur donner une mémoire, c’est aussi résister à la stratégie du chaos. Et si Musk se rêve en maître du monde, ses récents revers et la défiance croissante qu’il suscite rappellent qu’il n’a pas encore gagné la partie.
David Chavalarias, Elon Musk en 50 tweets, Seuil, 2025.