Discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire
Discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire

Discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire

La colonisation n’a jamais servi le colonisateur. Au contraire, elle constitue le cimetière où s’enterre ses valeurs et son identité. Mieux, son humanité. Publié pour la première fois en 1950, le Discours sur le colonialisme est un essai anticolonialiste d’Aimé Césaire. Suivi du Discours sur la Négritude prononcé à l’Université Internationale de Floride à Miami, Aimé Césaire condamne dans son œuvre la colonisation et dénonce la grande barbarie occidentale. 

PRÉSENTATION DE L’OUVRAGE ET IMPRESSIONS

L’ouvrage Discours sur le colonialisme suivi du Discours sur la Négritude, se présente sur un fond blanc très agréable. La première de couverture nous présente le nom de l’auteur suivi du titre de l’œuvre puis complètement au bas de la page apparaît le nom de la maison d’édition. La quatrième de couverture nous dévoile à travers un succinct paragraphe ce dont parle l’auteur dans son ouvrage. Suite à cette petite présentation,  on a encore une fois le titre de l’œuvre puis enfin complètement en bas le numéro ISBN.

Résumé de l’œuvre discours sur le colonialisme suivi du Discours sur la Négritude

Aimé Césaire dans son Discours sur le colonialisme suivi du Discours sur la Négritude, fait un procès à l’Occident face à ses pratiques colonialistes. La colonisation n’a jamais profité au colonisateur, il contribue plutôt à sa décivilisation. La tyrannie ainsi que la grande barbarie avec laquelle l’Occident a dirigé ses colonies d’Afrique est d’une inhumanité indicible. 

Quand la France demeure silencieuse face aux pratiques inhumaines et dégradantes qui se produisent sur son territoire. Et dans le même temps, torture les autres pour des raisons purement personnelles, l’humanité de cette race est à interroger. L’ Afrique est un continent comme tous les autres, il n’a rien à envier aux autres mais aussi il n’est pas inférieur aux autres.

La race noire n’est pas une race inférieure, elle est loin d’être une race stérile sur les plans technologiques, philosophiques, intellectuels et bien d’autres. Le monde Occidental à tout faire pour annihiler la valeur de l’Afrique. On se demande même comment un peuple civilisé peut tomber si bas ! La colonisation a déshumanisé l’Occident. 

Il se présente à sa tête avec des hommes anthropophages toujours prêts à défendre avec une rationalité contradictoire les pratiques inqualifiables.

Analyse de l’œuvre discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire 

Aimé Césaire dans son Discours sur le colonialisme, dénonce la colonisation. Pour lui, loin de civiliser ou de rendre l’homme cultivé, la colonisation déshumanise l’homme. Toute civilisation qui se replie sur elle-même, avec ses mots << tend à s’étioler.>>. La colonisation pense Césaire, n’est pas la manière par laquelle l’homme noir peut-être civilisé. 

Elle n’est rien d’autre que réduction de l’homme noir.  Il dit à cet effet à la page 9 : << … qu’est-ce en principe que la colonisation ? De convenir de ce qu’elle n’est point; ni évangélisation, ni entreprise philanthropique, ni volonté de reculer les frontières de l’ignorance…>>

Toujours pour montrer le danger que représente la colonisation, Aimé Césaire répète à la page 21 que : << la colonisation déshumanise l’homme même le plus civilisé.>>. On comprend à travers cette position de Césaire que le premier à être touché par la colonisation est le colonisateur lui-même. La colonisation ôte à l’homme civilisé toute son humanité. 

Il faut dire que la colonisation loin d’avilir  l’homme est une arme de destruction massive. Elle est le cimetière où viennent s’enterrer les << admirables civilisation>> p 22.  La colonisation, comme le montre Aimé Césaire tout au long de son discours, n’a pour but que de dominer. Elle est ce qui favorise l’établissement du rapport dominé-dominant. 

L’homme colonisateur ou le Blanc, devient par la colonisation le maître du nègre ou mieux du peuple considéré comme « primitif ». L’homme noir n’est rien d’autre dans ce cas qu’un être inférieur réduit à la condition d’esclave, un instrument d’exploitation et de production. Pour Aimé Césaire, toutes les différentes réalisations ou « progrès » dont on entend parler, ne sont rien d’autre que des fariboles à faire dormir debout. 

Ces soi-disant réalisations constituent plutôt des facteurs qui légalisent la colonisation, la domination, la tyrannie et ses corollaires. C’est à juste raison qu’on comprend l’équation que pose Aimé Césaire: << colonisation=chosification>>.  Comment justifier le massacre qu’a connu le monde depuis l’avènement de la colonisation ? 

Les violences qui ne cessent de grimper l’échelle ? Aimé Césaire, à travers l’apologie des civilisations para-européennes, dénonce avec force les conséquences graves de la colonisation. Cette dernière n’a contribué qu’à accentuer le taux de violences, d’inégalités, d’abus arbitraires et d’insécurité : 

<< Chaque jour qui passe, chaque déni de justice, chaque matraquage policier, chaque réclamation ouvrière noyée dans le sang, chaque scandale étouffé, chaque expédition punitive, chaque car de C.R.S…>> p.25.

Les civilisations para-européennes comme il le démontre, sont des << sociétés toujours démocratiques >>, << des sociétés coopératives, des sociétés fraternelles.>> 

Mais alors, si les valeurs que l’Occident prétend nous vendre, nous enseigner existaient déjà chez les peuples qualifiés de « primitifs » , de « barbares » qu’a apporté finalement l’Occident ? 

Les civilisations para-européennes n’étaient-elles pas de vraies civilisations, de vraies communautés ? L’Occident à travers sa nocive politique de civilisation, de développement et autres tout caché sous le dénominateur commun qu’est la COLONISATION n’a t-il pas plus œuvré pour plonger les autres peuples ? 

Quand on regarde Hitler, quand on lit Gobineau, M. Caillois dont Césaire en a pleinement parlé dans son œuvre, on se demanderait si ce n’est pas l’Occident qui possède une raison prélogique ? Quand on entend la plupart du temps le colonisateur crier le manque d’organisation de l’Afrique et de ses nombreuses colonies, n’est-ce pas elle qu’on devrait normalement corriger ? 

Aimé Césaire nous montre dans son Discours sur le colonialisme, jusqu’où la race blanche dite « race choisie » est tombée plus bas. Elle est tombée plus bas que le sol.  Il nous prouve que les termes comme l’humanisme, et autres ne sont que des <<phénomènes bourgeois>> p.69. La vérité explique Césaire, la vérité que l’Occident refuse d’admettre est que la race noire est bien une vraie race. 

L’Occident craint sa place, son statut, et pour cela, ses penseurs s’adonnent à des élucubrations pourries tentant par tous les moyens de réduire le peuple noir, mieux de montrer à tout bout de champ que c’est l’Afrique, le continent à civiliser. Or il ne faut pas se voiler la face, l’Occident a besoin d’une cure, oui l’Occident souffre, voilà ce qu’elle refuse d’admettre. 

Son mal n’est pas bénin, il souffre d’un mal si profond au point de s’élever au rang des bêtes sauvages. Voilà clairement ce que dit Aimé Césaire ! Il n’y a de peuple plus barbare que celui occidental. La barbarie était en son sein, mais il est aveuglé par ses chimères.  Césaire après une apologie des civilisations para-européennes, interpelle celles-ci à plus d’ouverture, plus de conscience. 

Il explique le fait selon lequel, les africains et les peuples colonisés cherchent à se débarrasser de l’Occident. Mais du même coup à se placer sous la tutelle d’une autre puissance comme celle américaine. Aimé Césaire déchante les africains par rapport à cette chimère. L’éclosion, ou le développement des peuples qui ont eu à subir la tyrannie de l’Occident doit se faire de l’intérieur. 

Les peuples nègres, doivent s’unir entre eux afin d’œuvrer pour leur émancipation. Il est donc inutile et presque illusoire de compter sur l’Europe car cette dernière souffre encore jusqu’à nos jours. Il souffre d’un mal profond source de tous ses maux universels, il s’agit du prolétariat. 

Dans la seconde partie de l’œuvre, c’est-à-dire le deuxième discours intitulé Discours sur la Négritude, Aimé Césaire définit ce qu’est réellement la Négritude. Il dit à la page 83 : <<…la négritude au premier degré peut se définir d’abord comme prise de conscience de la différence, comme mémoire, comme fidélité et comme solidarité.>> 

Il ôte de cette manière toutes les connotations que donnent certaines personnes au terme : Négritude. Pour Aimé Césaire, créateur du terme, la négritude est : << une manière de vivre l’histoire dans l’histoire : l’histoire d’une communauté dont l’expérience apparaît, à vrai dire, singulière avec : 

  • ses déportations de populations, 
  • ses transferts d’hommes d’un continent à l’autre, 
  • les souvenirs de croyances lointaines, 
  • ses débris de culture assassinées.>> p.82. 

En un mot, la négritude est la quête d’identité, une quête de soi. Cette quête n’a rien à voir avec une << prison >>, un << ghetto >> mieux encore une << sorte de solipsisme communautaire ou dans le ressentiment>>. Mais elle est plutôt un combat, un engagement, un << ré-enracinement >> dans le plein épanouissement et dans une large fraternité.

L’ouvrage est bien écrit, il offre une lecture fluide et captivante. Le registre parfois soutenu, ainsi que l’usage de termes rébarbatifs l’inscrit dans une angle d’accessibilité plus réduite. La pertinence du thème ainsi que les nombreuses illustrations de l’auteur, positionnent l’œuvre dans une catégorie classique et elle peut servir de propédeutique pour une étude plus avancée sur l’histoire de la colonisation.

Régis Mahougnon HANTAN est poète-slameur, écrivain, musicien et chroniqueur à L’ivre du livre. Il est philosophe de formation à l’UAC. 

Articles Similaires
Réussir grâce à son intuition de Béatrice Millêtre 

Vous est-il déjà arrivé de trouver une solution magique à un problème qui vous dérange  depuis un moment ? Vous Lire plus

Une femme à deux maris : Cosme OROU-LOGOUMA

Une femme à deux maris tel est le titre de la première pièce de théâtre publié par l’écrivain béninois Cosme Lire plus

LA CARTE MAÎTRESSE D’EDGARD-LANDRY

Chaque être contribue au développement de la société. C’est de la somme des efforts individuels que naît le progrès. Ceci Lire plus

Un kilo de piment chez ZAINAB’S (nouvelles) de Adélaïde FASSINOU

Un kilo de piment chez ZAINAB’S est un recueil de neuf (09) nouvelles écrit par l’écrivaine béninoise Adélaïde FASSINOU. Publiée Lire plus

Consencratie de Juste Codjo

Les modèles de gouvernance en Afrique sont à repenser. C’est un fait. Les difficultés de développement économique, la recrudescence des Lire plus

La femme sans nom : Patrick Demory

Les erreurs de jeunesse sont des fantômes qui hantent les adultes durant toute leur existence. Il existe de ces adultes Lire plus

LE CONCLAVE DES TREIZE DÉMONS : Alphonse Montcho

L’ombre du zombie il y a quelques années, et aujourd’hui, un conclave de démons. Treize pour être précis. Il aime Lire plus

Le chemin : Assandé Franck DIBY 

Le chemin de l’auteur Assandé Franck DIBY raconte une histoire qui commence à N’zué, un village de la ville de Lire plus

La science de mon grand-père : Edmond Batossi 
Vient de paraître "La science de mon grand-père" de Edmond Batossi

Tout artiste est fils de son temps. Lorsque l’écrivain soulève sa plume pour peindre les maux ainsi que les travers Lire plus

Les rêves de Fati : Richard Adodjevo 

Les rêves de Fati de Richard ADODJEVO est un livre dont le récit prend corps chez la famille Damagui. Un Lire plus

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Share via
Copy link